Spray Can Act

INTRODUCTION AU MANIFESTE
POUR UNE UTILISATION ARTISTIQUE ET SOCIALE DE L’OUTIL AEROSOL
DANS LE CADRE DES LUTTES CONTEMPORAINES.

“Récemment, je me suis rendu compte que je ne prenais plus autant de plaisir à peindre mon nom n’importe où comme le veut la tradition Graffiti. Peut-être parce que un changement provient toujours d’un choc, et que nombreux furent les chocs ces derniers temps que ce soit d’un point de vue personnel ou plus élargi, en tous cas j’ai eu le besoin de faire le point.
Ce fut le début d’une longue remise en question, et si je la développe ici, c’est pour partager les conclusions que j’ai tiré de tous ces moments de doutes et qu’aujourd’hui je perçois comme essentiels car ils m’ont amené vers une nouvelle étape de création et de partage sans toutefois oublier le passé.
Je ne sais pourquoi j’avais besoin de trouver un nom, mais au fond de moi, je savais qu’il fallait que ce soit quelque chose de cadré, qui possède un support sur lequel je puisse me reposer. Un peu comme un code ou une ligne de référence. J’ai donc écrit un manifeste qui rassemble toutes les idées qui m’étaient, et me sont toujours, chères.

Tout cela sonne un peu comme un adieu au Graffiti, mais résolument non. C’est pour moi une évolution, et qui plus est, une évolution logique. J’aspire aujourd’hui à reléguer au second plan l’écriture de mon nom car d’une, je sais que je ne serai jamais celui qui en aura fait le plus ni de la meilleure qualité, et de deux, je suis désormais fatigué par ces histoires d’égos qui, même si elles prennent racine dans les origines du Graffiti moderne apparut au XXème siècle, m’emmènent vers un chemin qui ne me plaît qu’à moitié. Pour autant je n’ai pas envie d’arrêter de peindre et de tirer un trait sur tout ce que cet univers magique m’a apporté. Il s’agit juste de tourner une page et de continuer à écrire un futur que j’espère collectif et positif.

Le temps n’est jamais perdu s’il est donné aux autres dit-on, et quand on constate l’impact extrêmement puissant qu’a le Graffiti sur la société, je me suis dit qu’il fallait en faire quelque chose de plus grand qu’une simple manifestation de son égo. Peut-être une arme sociale pour aider ceux et celles qui en ont le plus besoin, un outil collectif qui permet de rassembler ceux et celles qui luttent pour un monde meilleur. J’ai donc explicité le Spray Can Act.

Le Spray Can Act, qui énonce dix codes de conduites sur la pratique, se veut rassembleur et spécialement arrimé au travail de la lettre dans le Graffiti. C’est bien sûr une référence directe à l’ouvrage que les graffeurs connaissent tous, Spray Can Art, mais je pense qu’à l’heure d’aujourd’hui, il est plus qu’essentiel de se réveiller, de prendre conscience que notre liberté est en passe d’être contrôlée, de dénoncer les souffrances inutiles que subissent les innocents et de mettre de côté l’art parasite. De passer à l’acte tout simplement, tout en continuant de s’inspirer de l’expression artistique la plus illégale et la plus spontanée qui soit.

Certains trouveront ça trop politique, d’autres complètement barré ou trop intello. Oui, c’est un peu de tout ça. En attendant, ça a déjà été fait et les résultats sont tellement saisissants à mes yeux qu’il faut que cette manière de peindre essaime et se perpétue, pour inspirer un Graffiti plus humain.”

(english version below)

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INTRODUCTION TO THE MANIFEST
FOR THE ARTISTIC AND SOCIAL USE OF AEROSOL
IN CONTEMPORARY STRUGGLES.

“Recently, I realized that I wasn’t enjoying painting my name anywhere as much as I used to in the Graffiti tradition. Perhaps because a change always comes from a shock, and there have been many shocks lately, both on a personal level and more broadly, so I felt the need to take stock.

It was the beginning of a long process of questioning, and if I develop it here, it’s to share the conclusions I drew from all those moments of doubt, which today I see as essential, because they led me to a new stage of creation and sharing, without forgetting the past.

I don’t know why I needed to come up with a name, but deep down I knew it had to be something structured, something I could rely on. A bit like a code or a reference line. So I wrote a manifest that brings together all the ideas that were, and still are, dear to me.

It all sounds a bit like a farewell to Graffiti, but definitely not. For me, it’s an evolution, and a logical one at that. Firstly, I know that I’ll never be the one who’s done the most or the best quality, and secondly, I’m tired of these ego stories which, even if they’re rooted in the origins of modern Graffiti that appeared in the 20th century, are taking me down a path that only half pleases me. But I don’t want to stop painting and draw a line under everything this magical world has given me. It’s just a question of turning a page and continuing to write a future that I hope will be collective and positive.

It’s said that time is never wasted if it’s given to others, and when you see the extremely powerful impact that Graffiti has on society, I thought it was time to make it something greater than a simple manifestation of one’s ego. Perhaps a social weapon to help those who need it most, a collective tool to bring together those fighting for a better world. So I explained the Spray Can Act.

The Spray Can Act, which sets out ten codes of conduct for the practice, is intended to be a rallying point, especially in relation to the work of the letter in Graffiti. Of course, it’s a direct reference to the book that Graffiti artists all know, Spray Can Art, but I think that in this day and age, it’s more than essential to wake up, to realize that our freedom is being controlled, to denounce the needless suffering of the innocent and to put aside parasitic art. To simply take action, while continuing to be inspired by the most illegal and spontaneous artistic expression.

Some will find it too political, others too crazy or too intellectual. Yes, it’s a bit of all that. In the meantime, it’s already been done, and the results are so striking to my eyes that this way of painting needs to spread and perpetuate itself, to inspire a more humane Graffiti.”

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